Dans les années 70, Peter Lacroix se consacre au color-field painting, tout d’abord de manière purement instinctive, sans recherche de symétrie ni concept basé sur des nombres. Ce procédé évolue dès lors que l’artiste commence à intégrer le principe du hasard à ses tableaux, l’aléatoire. Il utilise alors les dés, aussi bien de manière « scientifique » que « mystique », puisqu’il détermine le contenu de ses œuvres au moyen de lancers de dés, se référant ainsi à la fois à des méthodes scientifiques (comme, par exemple, le calcul des probabilités) et à des pratiques de cartomancie.

L’observateur qui se représente ce processus – la composition d’un tableau déterminée par le lancer de dés – le prolonge mentalement en mettant de la couleur dans les différents champs. L’artiste nous ramène ainsi au color-field painting cher à ses débuts. Et l’exercice auquel doit se plier ici l’observateur n’est pas des moindres : l’œuvre prend forme dans son imagination, et non plus de manière réelle, sur la toile.

Outre les dés, Peter Lacroix utilise aussi les dates de naissance, les tickets de caisse, les noms, ou compte même des mégots, dans le but d’obtenir un principe basé sur des nombres et de l’appliquer à de nouvelles œuvres.

(Denise Essig, version révisée)